
Portrait d’asso, Cultures Eco-Actives était l’invité de Fréquence Mistral Briançon
août 15, 2025RELATING FORESTS : voici les premiers résultats et éléments de réflexion suite aux deux ateliers en France, auprès du grand public et des écoles


Cultures Eco-Actives a organisé trois jours d’ateliers en France. Une journée d’exploration artistique ouverte au public intitulée « Échange de regards sur la forêt : entre réel et imaginaire » à travers trois propositions artistiques : le conte, le théâtre reflet et le travail des masques au cœur de la forêt de Boscodon, suivie d’une journée de travail entre artistes et deux demi-journée auprès de scolaires.
Ces ateliers visaient à sensibiliser le public et les enfants au vivant de la forêt de manière participative. En créant un regard nouveau et positif sur les légendes et les pratiques liées aux forêts, nous développons un lien émotionnel avec ces environnements, renforçant ainsi notre volonté de les préserver.
Les résultats

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Il est possible de transformer ou de renforcer la relation des participants à la forêt grâce à des récits soigneusement choisis (contes) qui sollicitent l’imaginaire et les émotions, tout en engageant également la dimension cognitive par les morales véhiculées.
La plupart des adultes participant ont déclaré avoir changé ou renforcé leur lien à la forêt grâce à l’atelier. De plus, les personnages des histoires racontées par les enfants sont passés de figures principalement humaines ou fantastiques à des personnages majoritairement animaux.
Par « récits soigneusement choisis », on entend des contes, qui, en plus d’une certaine poésie, mettent en scène des personnages non humains dans la forêt et une symbolique de connexion. Les récits dans lesquels la place de l’homme est équilibrée avec la nature sont rares dans le répertoire européen, mais bien plus courants chez les peuples autochtones ou aborigènes. Comme l’écrit Katherin Persing : « Les histoires que nous choisissons de raconter aujourd’hui influenceront notre relation à la nature ».
La symbolique des contes choisis pour cet atelier était la suivante :
- Le corbeau révèle les êtres et les éléments, les rendant perceptibles à la pensée, et non plus seulement aux sens.
- L’arbre devient le centre de la vie des personnages.
- La relation que les hommes entretenaient autrefois avec la forêt, lorsqu’ils l’utilisaient pour leurs besoins, qui les rassemblait et où ils s’entraidaient (ici pour l’affouage).
- Et si chaque arbre nous était aussi cher que notre famille, nos amis, si un autre lien nous unissait à eux ?
Les contes du « pourquoi » sont également utiles, par exemple pourquoi le mélèze perd ses aiguilles en hiver. S’ils véhiculent une morale, ceux qui encourage une interaction respectueuse avec la nature (ici : les arbres, le corbeau) devraient être privilégiés.
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L’échange participatif d’histoires personnelles enrichit l’expérience et crée des résonances entre les participants.
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Introduire des changements de langue permet de capter l'attention et d’ouvrir les esprits, favorisant potentiellement une ouverture à de nouveaux récits et un sentiment renouvelé de résonance avec le monde. Cela permet de communiquer sans tout comprendre, mais en étant pleinement avec l'autre être humain, en se concentrant pleinement sur ce que l'autre dit dans sa propre langue, comme un exercice de pleine conscience.
C'est certainement ce qu'il faut réapprendre pour que les êtres humains puissent communiquer et respecter les vivants non-humains. Les mots, ou plutôt les sons, sont projetés dans l'espace sans que le public puisse les interpréter. Cela crée un environnement magique qui transcende les mots.
Donner une place à l'échec en parlant une langue que l’on connait mal, dans un atelier pour enfants, peut les encourager à développer le courage d'essayer et la confiance nécessaire pour relever les défis.
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Une approche pluridisciplinaire, incluant contes, chansons, mêlés à la découverte de langues étrangères et à des jeux dans l’atelier pour enfants, permet un mélange d'écoute, de découverte, de ressenti, de perception et de mouvement - permettant de solliciter tous les sens pour se connecter à la forêt.
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Lorsque nous travaillons sur les imaginaires dans des environnements plus que humains, nous devons tenir compte de la complexité de l'écologie de la performance : l'interaction entre l'artiste, les participants et le lieu, y compris leurs réalités respectives, leur vision du monde et leurs intentions.
Cela a soulevé de nouvelles questions pour la poursuite du travail.
Lorsque nous chantons ou racontons des histoires sur la forêt, des éléments du règne végétal et animal apparaissent naturellement, soulignant l'importance de ce que nous chantons ou racontons.
Lorsque le vent souffle, il semble reconnaître la situation. Les oiseaux semblent dialoguer lorsque le conte parle des corbeaux. Mais s'agit-il de réponses ou de simples coïncidences ? Dans ce dernier cas, la forêt ne serait guère plus qu'un décor, mais nous ne la laissons pas vraiment parler. Nous utilisons simplement le lieu pour ses qualités auditives, visuelles et tactiles.
Qu'est-ce qui nous inciterait à changer d'attitude pour que la « parole » des oiseaux, du vent et des plantes devienne une entité en soi ? Le choix des histoires, le rituel du masque, ont fait des plantes les protagonistes de notre projet artistique. Comment poursuivre ce travail ? Comment abandonner notre perspective anthropocentrique et intégrer la puissance de la forêt à notre travail ?
Quelques chiffres

Lors de la journée du 21 mai, sur 32 participants, 19 ont rempli un questionnaire.
Sur 15 réponses, 12 personnes souhaiteraient participer de nouveau à ce type d’ateliers et 3 ont répondu pourquoi pas.
Sur 12 réponses, 5 personnes ont indiqué que leur lien à la forêt avait changé suite aux ateliers, 3 personnes que leur lien était plus fort qu’avant et 3 personnes que leur lien était dans une continuité positive.
Même si la plupart des participants sont déjà liés à la forêt, certains ont un lien professionnel ou un lien pour les loisirs. Dans leur commentaire, les professionnels disent qu'ils ont changé leur regard et qu’ils ont pu découvrir une autre forme de lien à la forêt.
L’impact sur le lien à la forêt des participants a été évalué par une enquête incluant un travail sur les émotions.


Lors de l’atelier de collecte des émotions, la joie est l’émotion la plus présente.
Les ateliers ont généré aux participants des émotions propices à la reconnexion.
Au total, il y a eu 73 participants sur la globalité des ateliers, grands publics et scolaires.
66% ont déclaré avoir changé leur état d’esprit sur la nature après les propositions artistiques durant les ateliers grand public.
14 : nombre total d’artistes ayant participé aux ateliers dont les 4 artistes professionnels faisant partie de l’organisation


La façon dont les élèves voient les êtres vivants dans la forêt est analysée à partir des personnages principaux qu’ils racontent dans leurs histoires. Alors que les personnages principaux des histoires étaient principalement des êtres humains avant le projet, après l’atelier, ils étaient principalement des animaux (surtout des mammifères).

“Un grand merci aux artistes qui, grâce à leur préparation et coordination impeccables, ont pu établir un lien entre la forêt et les élèves. Le rythme et la séquence des activités étaient bien adaptés, permettant aux élèves d'interagir de manière significative avec les artistes et la forêt. Grâce à ce volet sensoriel, l’ensemble du projet de la classe sur le thème de la forêt trouve tout son équilibre.” Professeur de l’école de Châteauroux-les-Alpes.